100 FLEURS pour les résistants strasbourgeois
  Les développements de la Résistance à Strasbourg                                                    

   La résistance des Strasbourgeois prend place dans un contexte historique tout-à-fait particulier : à partir de l’armistice, l’Alsace est annexée à l’Allemagne nazie, à son régime de terreur, à son système totalitaire. Le camp de sûreté de Vorbrück-Schirmeck mis en place dès août 1940, conçu comme camp de redressement, pratique très vite la torture. En mai 1941, le camp de concentration du Struthof est ouvert à proximité. Tout l’appareil nazi se déploie comme en Allemagne : NSDAP (Parti national-socialiste des travailleurs allemands), SA, SS. L’Arbeitsfront remplace les syndicats interdits. En l’absence de volontaires, le service du travail (Reichsarbeitsdienst) est imposé en mai 1941 aux classes 20 à 27 pour les garçons et 23 à 26 pour les filles. La Jeunesse hitlérienne est obligatoire pour les garçons de 10 à 18 ans et le Bund Deutscher Mädel pour les filles. Les associations de temps libres non nazies sont presque toutes dissoutes.
   Dès la déclaration de guerre en septembre 1939, la population de Strasbourg est fortement réduite avec l’évacuation d’une partie des habitants dans le sud-ouest, l’installation de la municipalité à Périgueux, le déplacement de l’hôpital dans la Cité sanitaire Clairvivre dans la banlieue de Périgueux et le repli de l’université à Clermont-Ferrand. Quand avec l’armistice du 22 juin 1940 s’ouvre la possibilité de revenir en Alsace, un nombre significatif de Strasbourgeois fait le choix de rester en exil. Au même moment dans toute l’Alsace, les autorités national-socialistes procèdent à l’expulsion de tous les juifs, des soupçonnés de francophilie et des opposants supposés au nouveau régime. Nombre d’entre eux s’engagent alors dans leur région d’accueil dans la lutte contre l’occupant.
   La résistance se met cependant très vite en place même avec ceux qui sont revenus, certains étant de retour par choix de poursuivre la lutte en Alsace. Cette opposition prend d’abord la forme d’un mouvement de solidarité avec les prisonniers de guerre français ou polonais détenus à Strasbourg, en leur apportant nourriture et vêtements et en transmettant leur courrier. Rapidement, l’action évolue vers le soutien aux prisonniers qui veulent s’évader à travers la mise en place de filières de passage vers la France. A partir de mai 1941, les passeurs contribuent aussi à la fuite des réfractaires alsaciens au service du travail obligatoire, puis à l’incorporation dans la Wehrmacht mise en œuvre par le décret du 25 aout 1942. Avec cette mesure, l’opposition devient massive et génère un important mouvement de résistance qui culmine à l’été 1943.
   Les arrestations engagées dès l’été 1941 par la Gestapo se multiplient. Les prisonniers sont souvent envoyés à Schirmeck. 
   Le premier grand procès s’ouvre en mars 1942, celui des jeunes lycéens et apprentis de la « Main Noire ». En janvier 1942, se tient le procès des jeunes femmes de l’équipe « Pur-sang » et des communistes, suivi en mars 1943 par celui du « réseau Bareiss », puis celui du « Front de la Jeunesse d’Alsace » en juillet 1943. 
   Plus de cent personnes ont été poursuivies dans ces procès. Les peines sont lourdes, souvent à mort, bien que commuées dans un premier temps. 
   Cependant, le jeune orphelin polonais Ceslav Sieradski (17 ans) de la « Main noire » est exécuté sans procès à Schirmeck dès le 12 décembre 1941 et son compagnon de lutte Marcel Weinum (18 ans) décapité à Stuttgart en avril 1942. En juillet 1943, au procès du « Front de la jeunesse d’Alsace », six condamnations à mort sont prononcées et presque immédiatement exécutées. Ils sont fusillés près du Pont du Rhin au stand Desaix le 15 juillet 1943.
   Cette répression ne met pas un terme à la résistance des Strasbourgeois : ceux qui y ont échappé poursuivent leurs engagements ou d’autres prennent la relève. L’activité de passeur perd cependant de son ampleur. Les activités de renseignement se maintiennent en relation avec les réseaux nationaux. Dans le reste du pays, à partir de 1943, la résistance armée prend de plus en plus de place. Dans la nuit du 5 au 6 juin 1944, c’est le débarquement en Normandie, puis le 16 août en Provence. En novembre, la 1ère armée de de Lattre de Tassigny au sud et la 2ème DB de Leclerc au nord arrivent en Alsace avec les alliés. Les troupes françaises comptent en leur sein nombre d’Alsaciens, dont ceux de la Brigade Alsace-Lorraine intégrée à la 1ère armée. Dès sa constitution, cette composante avait comme objectif de participer à la libération de l’Alsace sous commandement français. 
    Le 23 novembre 1944, Strasbourg est libérée.