A Strasbourg, les deux mandats municipaux assumés par Peirotes marqués par une politique édilitaire active, mettant en œuvre un véritable "socialisme municipal", voie ouverte, il est vrai par le Maire de carrière d'avant guerre Rudolf Schwander élu grâce aux socialistes. Il a su consolider cet héritage et le développer. Les principaux instruments de cette politique sont les Offices Municipaux qu'il met progressivement en place: Office Municipal d'Hygiène, Office Municipal d'Habitations à Bon Marché, Office Municipal de Placement, Office des Jardins Ouvriers. Avec la création du Port Autonome, Peirotes s'attache également à la défense des intérêts économiques de la Ville. Pour le personnel municipal, il pratique une politique sociale exemplaire, le faisant bénéficier en particulier de l'échelle mobile des salaires. Dans le domaine scolaire il s'attache à limiter les effectifs à vingt cinq élèves par classe primaire. Des milliers de logements sont construits. D'importantes opérations d'urbanisme ont été menées à bien: les portes de la ville et une partie des fortifications sont démolies. Avec l'achèvement de la Bourse et de son quartier, la deuxième tranche de la Grande Percée est achevée. Alors qu'il n'existait en 1919 que trois terrains de sport à Strasbourg, ceux-ci vont se multiplier. L'Office de Placement créé en 1923 lutte contre le chômage et prend en charge les invalides de guerre et leur rééducation professionnelle. Sa gestion est marquée par la volonté de ne pas séparer la satisfaction des besoins élémentaires des classes populaires de leur promotion en particulier culturelle. Il patronne la création de l'Université populaire et projette l'implantation d'une École nationale des Arts et Métiers. Cette politique extrêmement active a été largement favorisée par le maintien de la loi municipale locale de 1895 qui attribue des compétences très larges aux grandes communes et leur ouvre tout le champ de l'intervention économique. Peirotes se bat non seulement pour le maintien de cette législation en Alsace et en Moselle, mais pour son extension à l'ensemble du pays.
"Entraver l'autonomie des villes, c'est rendre inutilisables les forces vivantes qui s'y trouvent et qui sont aptes à collaborer à la besogne administrative municipale; c'est accabler d'une surcharge de travail et de complications inévitables les administrations centrales qui sont les moins appropriées à trancher les questions locales".
Renforcer les compétences municipales contribuera à la démocratisation du pays.
Peirotes insiste sur l'attribution de compétences économiques aux municipalités:
"..... les villes ont besoin du droit de gérer en régie tous les établissements de nature industrielle ou commerciale, par lesquels un service public est assuré et qui ont la tâche de satisfaire un besoin collectif de la population. Car l'évolution de la vie communale démontre suffisamment qu'il y a, à la base de nos institutions municipales, non plus comme autrefois, des attributions du domaine de la police, mais plutôt le principe social. Ce principe social est en jeu dans tous les cas où un établissement, donnant satisfaction à un besoin collectif, prend le caractère d'un monopole. Il est inévitable de monopoliser les transports en commun, l'approvisionnement en eau, en gaz, courant électrique, abattoirs, nettoiement de la voie publique etc.. Mais il est incompatible avec le devoir de la ville moderne de laisser à des entreprises privées l'exploitation de ces monopoles qui sont créés uniquement par la collectivité, par le fait de l'agglomération des habitants en grand nombre".
Ainsi, le socialisme municipal de Peirotes trouve son fondement matériel dans les transformations de la ville moderne et est pour lui de l'ordre des nécessités objectives.